La Thaïlande, pays de 66 millions d’habitants presqu’aussi grand que la France a de quoi plaire à tout le monde. Iles paradisiaques, ruines, bouddhisme, montagne, jungle, plaisirs sensuels, tout est possible en Thaïlande.


Bangkok, la difficile


Son nom en thaï apparaît au Guiness comme le nom de lieu le plus long au monde. Grande comme 15 fois Paris, elle abrite en son sein plus de 8 millions d’habitants. Son développement récent et rapide la rende néanmoins difficile à apprivoiser. Nous débarquons dans la ville avec un métro aérien dernière génération ultra climatisé. Six sorties s’offrent à nous et s’étalent sur plusieurs centaines de mètres. Nous en choisissons une presque au hasard. Mauvais choix. Nous rebroussons chemin à plusieurs reprises. Où se trouve ce fichu arrêt de bus. Nous sommes presque désespérés. La chaleur moite, le poids de nos sacs à dos et la fatigue causée par une journée de voyage n’auront finalement pas raison de nous. Enfin dans la bonne direction ! Nous montons dans un bus première génération doté de vieux ventilateurs pendants au plafond. Direction Khao San Road, un haut lieu touristique bangkokois. Ce quartier se caractérise par un mélange de temples et de palais accolés à des rues fourmillantes de touristes jeunes et moins jeunes à la recherche d’exotisme à bon compte. Après plusieurs essais infructueux nous trouvons notre auberge de jeunesse. Une chambre avec climatiseur et salle de bain privé, quel luxe ! Sorties dans les rues nous préférons nous éloigner quelque peu de l’ambiance bruyante et chaotique qui y règne. Scorpions grillés et sceaux d’alcools sont proposés par les locaux devant des bars transformés en boîte de nuit. Nous passons notre chemin. Sortis de ce brouhaha, changement de décor. Nous tombons quelques rues plus loin sur des thaïs en pleine veillée funéraire, pique-niquant à même le sol. Ce type de rassemblement est appelé à durer tout au long de l’année suite au décès de son très populaire roi Bhumibol (mort à l’âge de 88 ans après 70 ans de règne). Bâtiments ornés de tissus blancs et noirs entrelacés, portraits à son effigie, cahiers de condoléances, nous rappellent sans cesse son décès. Le contraste entre ces deux atmosphères est saisissant.


Le calme revenu le lendemain matin, nous rejoignons le quartier central de Sukhumvit pour y séjourner deux nuits. Sans se concerter nous savons déjà que nous ne resterons pas longtemps dans la capitale. Habitués à flâner dans les villes que nous visitons, ceci n’a rien d’agréable à Bangkok. Ses grandes avenues font la place belle aux deux roues et voitures. Très vite nous nous retrouvons au milieu du trafic. Le parc Lumpini, sorte de Central Park très apprécié par les bangkokois, nous offre un peu de répit. Le jet-lag se fait sentir, la chaleur aussi. C’est décidé nous quittons Bangkok.


Ayutthaya, la capitale déchue


A deux heures de train au nord de Bangkok, l’ancienne capitale n’abrite plus que des ruines de temples anciens censés rappeler son lustre d’antan. Ce calme et la découverte du train thaï en 3ème classe nous ravies. Ses vendeurs à la sauvette qui circulent au milieu des wagons rendent le trajet distrayant et font oublier le confort un peu rustre des banquettes. Finalement peu de touristes semblent s’arrêter à Ayutthaya où nous croisons essentiellement des groupes scolaires venus découvrir leur histoire et leur patrimoine. Le soir nous parcourons le « night market » et poursuivons notre découverte de la cuisine de rue thaï, « fried rice chiken », « pad thaï », fruits frais, et autres plats dont nous n’avons pas retenu les noms. Non, nous ne maîtrisons pas encore le thaï.


Lopburi, la planète des singes


S’ils font la joie des touristes, les cinq mille singes (on les a comptés) ont littéralement envahi la ville et quitté les ruines d’un temple auquel ils se limitaient auparavant. Les commerçants et les habitants sont constamment sur leurs gardes pour les empêcher de détériorer la marchandise ou de rentrer dans leur habitation. Faute de politique de stérilisation leur population croît à un rythme exponentiel. Et oui, le singe, comme l’éléphant ou le coq est sacré en Thaïlande. Rassurez-vous ils ne sont pas agressifs, juste très sociables avec les Hommes. Occupée à les photographier Sarah l’a appris à ses dépens. Un petit s’est agrippé à la lanière de l’appareil photo avant de grimper sur son dos. Solidement accroché, il m’a fallu quelques secondes pour réussir à l’attraper et lui donner une bonne leçon. Comme tout le monde le sait, j’aime les animaux.


Koh Mak, repère de nazis hippies


Pendant que nous nous dirigions vers le nord du pays, un contact avec qui nous échangions depuis plusieurs mois pour peut-être travailler dans sa ferme nous apprend qu’un de ses amis de fac recherchent des volontaires pour son hôtel. Apparemment les cinq cambodgiens qui travaillaient pour lui venaient de lui faire faux bond. Ni une, ni deux, nous changeons nos plans et faisons marche arrière. Cap au sud ! Train, mini-van puis ferry nous permettent de rejoindre en deux jours l’île de Koh Mak. Attablée la veille avec une guide touristique française à la retraite ayant vécu en Thaïlande, cette île lui est tout à fait inconnue. Surprise, surprise… Arrivés sur le quai, nous sommes accueillis par trois touristes allemands clients de l’hôtel, bon un est italien mais il parle allemand et vit à Berlin. Pom, le propriétaire de l’hôtel est parti le matin même pour Bangkok pour deux jours. Ça s’annonce très bien. Après quelques kilomètres à l’arrière du pick-up nous atteignons notre lieu de villégiature ou de torture… Dix jolis petits bungalows face à la plage, le bar-restaurant juste à côté, nous voilà quelque peu rassurés. Ekk, l’homme à tout faire de l’hôtel et ami de fac également de Pom nous accueille. « Aujourd’hui quartier libre », nous annonce-t-il (c’est dure de faire l’accent thaï à l’écrit). Vive le droit du travail thaïlandais.

Notre logement bien que spartiate fera l’affaire. Ne faisons pas la fine bouche, une semaine gratuite sur une île pour quelques heures de travail par jours vaut bien quelques sacrifices. Cinq cents habitants peuplent officiellement cette île longue de 7km. Mais près de 100% des touristes y sont allemands. Tout ça à cause d’un habitant de l’île parti faire ses études en Allemagne et qui s’est senti obligé de parler de l’île à ses camarades d’université. Le destin d’une île se joue à si peu de choses. Côté travail, on s’ennuie franchement. L’organisation du service ressemble à un travail à la chaîne. Quatre personnes pour servir une assiette. C’est finalement assez épuisant surtout qu’il n’y pas d’horaires précises. Nous devons être là selon les besoins. Ayant compris notre frustration, Pom nous propose des horaires fixes. Trop tard nous avions déjà décidé de quitter l’île. Cinq jours nous avaient suffi à nous requinquer, faire le tour de l’île et parfaire nos connaissances culinaires « thaï style » grâce à la cuisinière Joy. Nous repartons pour le nord.


Phitsanulok, sans prétention


Après une nuit sur Bangkok, et faute de place pour le train de nuit pour Chiang Mai, nous marquons une halte à mi-chemin à Phitsanulok. Je vous assure que c’est compliqué à retenir comme nom de ville. Nous sortons du train à 21h30, une heure de retard sur l’horaire prévu, pas si mal apparemment pour une si longue distance. En route pour notre guesthouse pré réservée à l’avance sur Booking. Une maison d’hôte finalement fantôme car malgré la 4G et Google maps impossible de la trouver. Personne ne semble la connaître. Après une heure de recherche nous abandonnons. Nous trouvons un Motel local très confortable et peu cher. Nous devions repartir dès le lendemain matin pour sept heures de train. Impossible ! Nous préférons rester la journée ici. Phitsanulok, ville de taille moyenne et pas touristique pour un sou, nous donne un bon aperçu du développement économique thaïlandais. L’influence occidentale se fait ressentir jusqu’ici.


Den Chai, perdue dans la nature


Nous décidons de couper encore en deux notre route vers Chiang Mai. Arrêt un peu au milieu de nulle part dans la ville de Den Chai. Sur la route de notre hôtel, le seul de la ville, une horde de « chiens méchants » nous accueille. Mais nous ne craignons rien, nous sommes vaccinés contre la rage. Les gentils propriétaires nous proposent d’utiliser une de leur moto pour aller chercher à manger. Nous acceptons. Ni Sarah, ni moi n’avons déjà conduit ce type d’engin. Une minute d’apprentissage et nous voilà partis, de nuit, sur des petites routes escarpées. Sur la route du retour, après s’être légèrement égarés un chien nous prend en chasse, la chute est proche. Ouf, mes capacités de pilote, insoupçonnées, nous sauvent d’affaire. Au moment de reprendre le train le lendemain matin nous posons pour des jeunes élèves de primaire. Nous sommes l’attraction sur les quais.




Chiang Mai, temples et fast-food


Très, trop touristiques aux premiers abords, Chiang Mai reste une ville à part en Thaïlande. La veille ville délimitée par d’anciennes fortifications conserve tout son charme et change des autres villes thaïlandaises. Les petites rues commerçantes font la part belle aux artisans locaux. La ville ne semble pas avoir été encore totalement confisquée par les activités touristiques.


Doi Inthanon, rendez-vous en terre inconnue


Nous partons à l’aube pour deux journées en plein cœur du parc national de Doi Inthanon. Nous avons choisi une formule dite éco-trek. Pas de balade sur dos d’éléphants, et oui il m’arrive de respecter les animaux, nuit dans un véritable village Karen (et non une reconstitution), et groupe limité à huit personnes. Bien sûr que nous avons des convictions. Nous sommes citoyens-responsables. J’en fais un peu trop je sais. Après quelques heures de voitures, pas très éco-friendly en effet, nous partons pour trois heures de marche en plein soleil pour rejoindre ce fameux village Karen. Un couple d’Allemands, début de cinquantaine, trois Françaises débarquées la veille de l’avion ainsi qu’une néerlandaise dans nos âges nous accompagnent. Foo, un véritable karen sera notre guide. Pendant ces quelques heures de marche, nous découvrons la faune et la flore locale. Nous croisons essentiellement des araignées de toute taille et de toutes les couleurs. Pas de serpents en vue au grand dam de Sarah qui fatigue un peu à me prendre en photo tous les jours.


Nous arrivons au village Karen, usés et trempés de sueur. Mais pour la douche faudra repasser. Ce petit village est très charmant, les femmes préparent à manger, les enfants montent aux arbres et les touristes émerveillés prennent des clichés. Sarah aide notre guide à préparer notre repas du soir. Je refuse de mon côté. On a quand même payé. Surtout qu’ils le font à la frontale. Je ne voudrais pas me blesser au milieu de la jungle. Nous dînons donc à la frontale. Ils sont un peu rat je trouve sur l’électricité. Pour nous aider à digérer, Foo, très fier, nous montre ses tours de magie. Digne du plus grand cabaret de Patrick Sébastien. 20h30, tout le monde pense déjà à aller se coucher. Le clou de la soirée pour certaines, la préparation des lits. Nous sommes séparés en deux pièces (5 et 3). Sacs de couchage alignés et posés à même le sol, deux moustiquaires suspendues et le tour est joué. Il n’est que 21h. La nuit s’annonce longue. Elle le sera. La fraîcheur s’abat au fur et à mesure de la nuit. Nos duvets sont un peu légers. Notre sommeil déjà précaire deviendra presqu’impossible lorsqu’à 4h les coqs du village entament une sorte de concours The Voice. Vivement le réveil qu’on reparte marcher.


7h, debout en pleine forme, deux cafés, quatre œufs, deux assiettes de riz et quelques fruits engloutis, un brin de toilette, je suis prêt. Nous nous amusons toute la matinée à traverser un cours d’eau d’un côté puis de l’autre. Malgré les pierres et la terre, Sarah choisit l’option claquette. Allergique pour ma part à cet instrument et non doté de chaussures waterproof, je dois me résoudre à mouiller mes chaussures « tour du monde ». Cette traversée se conclut par un passage de 100m dans une grotte inondée et éclairée à l’aide de torches fraîchement fabriquées par les villageois. Une montée d’une heure en plein soleil achève notre trek de deux jours.


Chiang Rai, putain de Chinois



Dernière escale de notre séjour thaïlandais, Chiang Rai ne propose rien de bien différent. Sinon, que plus nous montons vers le nord plus la présence chinoise se fait ressentir. Apparemment 70% des touristes en Thaïlande sont Chinois. J’ai bien peur que ce phénomène inquiétant et dont personne ne parle ne s’aggrave. De notre côté, nous visitons les deux principales attractions du coin : le White Temple, le délire d’un artiste local, et le Golden Triangle, piège à touristes par excellence. Nous profitons surtout de ces derniers jours pour nous reposer et préparer la suite des opérations.