Une heure pour franchir les deux postes frontières et pour se retrouver de l’autre côté du lac Titicaca à Copacabana. Nous arrivons juste au début de la semaine de la fête de la vierge. Beaucoup de Péruviens franchissent la frontière à cette occasion. A défaut de souscrire à une assurance pour leur véhicule, ils viennent se faire faire bénir leur auto par un prêtre. Autant dire que nous n’arrivons pas au meilleur moment pour trouver un hôtel. Après une bonne dizaine de tentatives nous finissons par trouver notre bonheur. Le folklore est à son comble, les fanfares sont de sortie partout dans la ville. Heureusement notre hôtel se situe un peu à l’écart, nous pouvons dormir. Balades au bord du lac Titicaca et siestes rythment nos deux journées sur place.


Requinqués nous prenons la route vers la Paz, la capitale administrative. Principale caractéristique, être la plus haute ville du monde de plus d’un million d’habitants. Elle culmine à 3 600 mètres. Autant dire que les nuits sont plutôt fraîches.


Nous optons une nouvelle fois pour un city tour pour faire connaissance avec la ville. Il débute devant une prison auto-gérée par les prisonniers. Des visites pour les touristes y étaient encore organisées il y a quelques années, mais des affaires de viols et de vols notamment ont poussé les autorités à les interdire. Dommage ! On se contente de la visite des marchés couverts et de plein air où les Cholitas règnent. Une fois mariées ces femmes sont envoyées en ville pour gagner de l’argent. Figures emblématiques du nord de la Bolivie, elles se sont même lancées dans le catch. Leurs longues tresses et leurs robes longues permettent de facilement les reconnaître. Elles portent également un chapeau melon depuis les années 40. Trop petits, ces chapeaux tiennent tout juste en équilibre sur leur tête. Destinés d’abord aux hommes, mais trop petits suite à une erreur de fabrication, ces chapeaux ont été refourgués à ces femmes en leur prétextant que c’était la mode en Europe. La tradition veut également que le principal atout pour attirer les hommes sont leurs mollets. Si elles vous les montrent c’est que vous avez toutes vos chances.


Nous en profitons également pour faire nos achats de pull et de chaussettes en alpaga pour affronter dans les prochains jours les salars d’Uyuni.


Le lendemain nous utilisons les nouveaux téléphériques de la ville pour atteindre El Alto, qui surplombe La Paz. Le dimanche, c’est jour de marché, le plus grand du pays. Nous déambulons toute l’après-midi dans cette immense centre commercial à ciel ouvert où on trouve de tout à prix mini. C’est également le jour de l’indépendance. Peu d’animation et les musées que nous souhaitions visiter sont fermés, bien que la veille on nous avait garanti du contraire. Boulets ! Notre visite s’achève. Honnêtement, la Paz est très vivante mais surtout très laide.


Beaucoup de route nous attend pour atteindre l’est du pays. Après une journée de bus nous marquons une première étape à Cochabamba. Petit à petit, la température remonte. Dîner au marché nocturne, dodo et on repart pour une deuxième journée de bus. Arrivés le soir à Santa Cruz de la Sierra, la ville la plus peuplée et la plus riche de Bolivie (région pétrolière). Pas ou peu de Quechuas dans cette partie du pays, mais des Mennonites. Mouvement religieux anabaptiste (ils prônent un baptême volontaire) créé en 1536 aux Pays-Bas, les Mennonites sont persécutés partout où ils passent. Ils émigrent d’abord vers la Russie, puis le Canada et au début du 20ème vers l’Amérique du Sud et en particulier la Bolivie. Plus de 70 000 actuellement, ils se rapprochent des Amish. Très conservateurs ils parlent toujours un vieux dialecte allemand. Autant dire qu’ils dénotent énormément dans la ville et continuent d’amuser les locaux.


Ayant déjà fait un tour en Amazonie, nous optons pour le zoo de la ville pour observer les animaux typiques d’Amazonie. Plus simple et moins dangereux.


Pour repartir vers le centre du pays, pas le choix, bus de nuit. Et bien sûr nous voyons débarquer comme bus un vieux modèle tout détraqué. Sucre, la capitale constitutionnelle ne se trouve pourtant qu’à 300km, mais nous découvrons après 3h de route pourquoi c’est si long. Ce n’est pas que la route est endommagée, elle est juste inexistante. Des chemins de terre à flanc de montagne, où se succèdent les camions de chantier qui viennent piocher directement sable et cailloux dans la montagne. Secoués pendant tout le voyage, on arrive tout juste à somnoler par intermittences. Nous arrivons juste avant le levé du soleil. Nous patientons au froid dans le terminal (retour à près de 3 000 m d’altitude). Heureusement la gérante d’un hôtel vient nous démarcher pour nous proposer des chambres tout confort. Encore une fois nous allons surtout dormir pendant nos deux jours sur place.


Sucre est sûrement la plus jolie ville du pays avec son architecture coloniale et dénote franchement de sa concurrente La Paz.

En forme, ou presque, on repart. Quelques heures de bus suffisent pour rejoindre Potosi, la ville de plus de 100 000 habitants la plus haute du monde (4 070m). La principale attraction du coin, la visite des mines, encore en activité, en tenue de miniers. De mauvais goût, nous passons notre tour. La casa de la moneda retrace l’histoire de la mine et les atrocités commises par les conquistadors au 15ème et 16ème siècle. Mais une nouvelle fois nous trouvons porte close. Les boulets !


Ultime arrêt en Bolivie, Uyuni, pour le clou du spectacle, les salars. Première étape, choisir son agence de voyage pour ces trois journées de traversée dans la région. Toutes proposent à quelques détails près les mêmes choses. Seule chose à vérifier, que le chauffeur-guide n’abuse pas de la bouteille le soir venu. De nombreux cas sont répertoriés sur internet de chauffeurs trop alcoolisés pour reprendre la route au petit matin. Rassurés par ces détails nous choisissons, confiants, notre agence la veille du départ.


10h, le 4x4 est chargé. Une Française, Aïchatou, un Néerlandais Ruben, et deux frères allemands, Sebastian et Mickael, nous accompagnent. Notre guide Harry semble très sympathique et sérieux. Avant d’entrer dans les Salars, nous débutons par le cimetière des trains. Nous ne sommes pas seuls. Une cinquantaine de véhicules s’arrêtent en même temps. Ces trains transitaient par Uyuni, carrefour entre le nord de la Bolivie, le Chili au sud-ouest et l’Argentine au sud-est pour transporter les minerais extraient dans la région. Peu à peu des locomotives ont été abandonnées à cet endroit. Franchement pas de quoi casser trois pattes à un canard. Nous repartons après quelques clichés. 12h30, arrêt à l’entrée du désert de sel pour déjeuner. Nous entrons dans les Salars. Ce blanc partout à perte de vue ne ressemble en rien à ce que nous avons déjà vu. Nous nous arrêtons un moment pour une séance photo où chacun laisse libre court à son imagination. Un petit arrêt ensuite à une statue de sel érigée pour le Dakar et deux arrêts sur des « îles volcaniques », perdues dans cette immensité blanche. Après cette journée bien remplie nous arrivons à notre hôtel, fabriqué entièrement à partir de sel. Un thé de bienvenue, puis le dîner avant de retourner dans le désert de sel pour observer les étoiles. Le spectacle est magnifique. Des étoiles à perte de vue, nous pouvons même admirer la voie lactée, une première pour nous. Le froid nous empêche cependant de trop nous attarder.


Nous repartons avant le lever du soleil. Nous quittons petit à petit le désert de sel pour entrer dans le sud Lipiez, région riches en lagunes et montagnes. Nous nous arrêtons devant plusieurs lagunes de couleurs différentes et colonisées par des flamants roses. Nous sommes autour de 4 000 m, le vent et le froid nous font à chaque fois remonter rapidement dans le 4x4, enfin surtout moi. La nuit approche, nous arrivons à notre hôtel ou une toute petite cheminée chauffe la pièce de vie. Rien dans la chambre que nous partageons avec nos compagnons de voyage. Pourtant une température prévue entre -10°C et -15°C nous attend cette nuit. Nous partageons notre dernier repas avec nos compères, soupe et spaghettis. Nous nous rapprochons rapidement du coin chaud de la pièce.

Nous y restons jusqu’à ce que la dernière bûche soit enfournée. 22h, plus de feu, plus le choix, il faut aller dans la chambre. Tout habillé nous rentrons dans nos sacs de couchage d’été, par-dessus lesquels nous posons les quatre couvertures gentiment mises à notre disposition. Rien ne dépasse. Difficile de respirer avec l’altitude et toutes ces couches. Heureusement le réveil est prévu à 5h30. On dort tant bien que mal. 4h30, alors que nous dormions, le réveil de Ruben sonne. Son téléphone avait changé d’heure dans la journée alors que nous passions près de la frontière chilienne. Il se lève, réveille les deux Allemands qui se lèvent à leur tour. Ils sortent de la chambre. Au bout de cinq minutes ils reviennent, ils viennent enfin de s’apercevoir qu’il est trop tôt. Les boulets ! Impossible de se rendormir.


Petit déjeuner, chargement de la voiture, à 6h30 nous sommes tous installés dans le 4x4. Horreur, Harry nous apprend qu’il ne peu pas mettre le chauffage. Effectivement, le pare-brise a une large fissure. Il risquerait d’exploser. Autant dire qu’on se les gèle menues. On s’arrête devant des geysers. Cinq minutes dehors et on remonte dans la voiture. Avant-dernier arrêt de l’expédition, les bains chauds. Nous n’avons pas le courage de nous mettre en maillot pour en profiter. Nous patientons. Un ultime arrêt face à une lagune avant qu’Harry nous dépose à la frontière où une navette nous attend pour nous rendre à San Pedro de Atacama. Le minibus est chauffé. Nous sommes sauvés !