Nous prenons un bus pour quitter Santiago et trouver une meilleure zone pour faire du stop. Un chauffeur paraguayen nous prend. Son camion affiche plus de 950 000km au compteur. Et pour passer la frontière située a à peine 100km, il faut traverser la Cordillère. Dès que la route s’élève, le camion fume, nous ne dépassons pas les 30km/h. On s’arrête une première fois pour changer l’eau du radiateur et ainsi rafraîchir le moteur. 3 heures plus tard, nous entamons la montée finale de 20 km vers le poste frontière. Vitesse de 20km/h max et un deuxième arrêt pour rafraîchir le moteur. Puis un troisième, un quatrième et un cinquième, impossible de redémarrer. Nous sommes presqu’au sommet, il commence à neiger. Après moult tentatives, miracle on redémarre ! 6h pour atteindre la frontière ! Il nous laisse là. Nous passons la frontière à pieds sans soucis. Deux autres camions nous permettent d’atteindre Uspallata, la plus grande ville après la frontière. La zone réputée comme un lieu privilégié par les narcotrafiquants est très contrôlée. Les camions doivent s’arrêter régulièrement pour des contrôles. Ils évitent donc de s’encombrer auto-stoppeurs susceptibles de transporter de la came. Il fait nuit, nous préférons naturellement passer la nuit ici.


Après une bonne nuit dans un charmant petit hôtel nous repartons inquiets sur le bord de la route. Un camion arrêté depuis quinze minutes finit par nous faire signe de monter. Il est méfiant. Il veut nous déposer une vingtaine de kilomètres plus loin, juste avant un point de contrôle. Il est plutôt bizarre. Nous avons dû gagner sa confiance car finalement il ne s’arrête pas. Nous quittons peu à peu la cordillère pour pénétrer dans les vignes. La région de Mendoza est l’unique zone de production de vin du pays. Le Malbec, son principal cépage, en est son emblème.


La température remonte, le printemps est bien là. Après avoir déposés nos sacs dans notre auberge de jeunesse nous partons acheter quelques vivres. Une galère, car en Argentine la sieste c’est sacré. Même les supermarchés ferment entre 14h et 17h. Heureusement, Carrefour Market ouvre en continu. Pour une fois que les « Français » travaillent plus que les autres.


Le lendemain matin nous partons acheter nos billets de bus de nuit pour Cordoba. Nous abandonnons l’idée du stop pour ce trajet. Apparemment impossible à faire en moins de trois jours. Nous rentrons à l’auberge, nous déjeunons. Sarah remonte dans le dortoir récupérer un peu d’argent avant de sortir. Et là c’est le drame ! La moitié de nos Pesos argentins échangés la veille ont disparu de la veste de Sarah rangée dans le casier cadenassé dans notre dortoir fermé à clé. Nous avertissons la réception de ce fâcheux incident mais sans illusion. Pourtant, Gaston, qui semble encore plus sous le choc que nous, nous promet qu’on trouvera une solution d’ici à notre départ, le lendemain soir.

Nous sortons nous promener sans savoir vraiment qu’elle pourrait être cette solution. En rentrant Gaston, sourire aux lèvres, nous certifie que l’hôtel nous remboursera. « Nous sommes responsables puisque cela s’est produit dans le casier ». Il nous avoue aussi qu’il pense que le coup a été fait par quelqu’un de l’auberge. On attend de voir.


Le lendemain, 15h, Gaston arrive. « Le boss doit passer d’ici 17h », nous annonce-t-il. De notre côté nous pouvons attendre jusqu’à 20h30. L’heure passe. « Il sera là vers 19h », nous rassure-t-il. 19h30, « il ne viendra pas », admet-il. « Mais attendez, je n’ai pas d’argent dans la caisse pour l’instant mais si quelqu’un d’ici une heure réserve une excursion je vous donnerai l’argent ». Mais bien sûr, et la marmotte elle met le chocolat dans le papier. Pas de miracle, nous partons vers la gare de bus sans notre argent. Gaston a pris nos coordonnées, il va trouver une solution. Autant dire que passer encore près de trois semaines en Argentine nous ravit d’avance.

Heureusement, malgré notre arrivée à Cordoba à l’aube, un dimanche, Consuelo, notre hôte pour les trois prochains jours s’est spécialement réveillée pour nous accueillir. Etudiante en dernière année de droit, Consuelo habite chez ses parents avec sa sœur. Elle nous laisse sa chambre. Enfin plutôt une dépendance située dans le jardin et toute équipée, un véritable petit appartement. La roue tourne.


Cordoba, deuxième ville du pays, est la cité étudiante du pays. Sur 1,3 million d’habitants la ville compte en effet près de 200 000 étudiants. Tout est parti des Jésuites qui s’y sont implantés à la fin du 16ème siècle. La Manzana Jesuitica, classée depuis 2000 au patrimoine mondial de l’UNESCO, abritait sa principale école et faisait de Cordoba le point névralgique de sa campagne d’évangélisation. A la fin du 18ème le roi d’Espagne, Carlos III, les expulsa. La Manzana est depuis devenu une Université publique qui regroupe près de 100 000 étudiants, contre 60 à l’origine. Cordoba offre ainsi un large choix d’activité culturelles. Nous en profitons donc pour nous cultiver.


L’été est déjà là, 30°C, nous alternons donc tranquillement pendant trois jours entre musées, balade dans les parcs et glaces italiennes. Les Argentins de tous âges en sont fanatiques.


Nous décidons de repartir vers notre prochaine destination, Rosario, en stop. Une heure de bus d’abord pour s’éloigner de la ville. Finalement après deux voitures et un camion nous parvenons à l’entrée de la ville. Le stop est vraiment moins culturel en Argentine qu’au Chili. Laura, une amie d’un couchsurfer que nous avions reçu à Bruxelles, nous loge pour nos deux premières nuits dans la ville. Elle est prof d’anglais, ce qui facilite grandement les échanges. Troisième ville du pays, Rosario offre un joli cadre de vie. Située en bordure de fleuve, Rosario est réputée aussi pour l’accueil chaleureux de ses habitants. Nous pouvons le constater. Nous n’avons jamais reçu autant d’offres de couchsurfing pour nous loger ou nous rencontrer. Après Laura, Hugo et sa femme Roxana nous reçoivent. Ils ne parlent pas anglais mais nous parvenons néanmoins à nous comprendre.

Quand nous apprenons à Hugo que nous sommes invités le dimanche pour notre premier « asado », le BBQ argentin, il nous propose de nous en préparer un le soir même afin que nous puissions comparer. C’est un art très personnel. Chaque chef « asador » détient sa propre méthode. Contrairement à nos barbecue, l’asado exige une cuisson lente. « L’asador » prépare ainsi d’abord les braises. Celles-ci serviront pour la cuisson de la viande. Pas de viande au-dessus des flammes, malheureux ! En tout cas ses côtelettes et saucisses de bœuf sont un régal.


Le samedi très ensoleillé nous permet de profiter des parcs et des bords du fleuve aménagé en plage.


Le dimanche nous nous rendons chez Luis. Autre « asador », autre méthode. L’équipement est un peu plus rudimentaire mais la pièce de bœuf est d’une qualité supérieure. De plus il parle parfaitement français et connaît le goût des Français pour la viande cuite saignante. Un délice ! Et ce n’est pas fini, il s’est débrouillé pour nous dégoter des places pour le match de Rosario Central l’un des deux clubs de la ville. Photographe, il travaille en fin d’après-midi pour un salon. Il nous accompagne tout de même jusque dans la tribune. Central s’incline 4-0 face à Bandfield mais l’ambiance est incroyable pendant tout le match.





Uruguay : Bienvenue chez Marie-Jeanne


Nous attendons tranquillement la fin de soirée pour prendre le train de nuit pour Buenos Aires. Après une nuit peu reposante, nous enchaînons avec quelques kilomètres à pieds le long du Rio de la Plata pour rejoindre le quai du Ferry, direction l’Uruguay. Après 1h30 de traversée nous atteignons la petite cité de Colonia del Sacramento. Enfin une des villes les plus grandes du pays, l’Uruguay presqu’aussi grand que la France ne compte que 4 millions d’habitants. Réputée comme une ville romantique, elle ne nous charme pas vraiment.


Départ en fin de matinée pour la capitale, Montevideo. Deux camions nous escortent gentiment jusque dans la ville. Nous nous dirigeons vers notre Airbnb. Personne. Un jeune homme arrive et nous ouvre. L’annonce précisait maison ancienne plein de charme. Effectivement la maison présente une architecture ancienne et classe du début 20ème mais le charme a disparu. Cet endroit ressemble plus à un squat. Vêtements jonchés sur le sol, cuisine et salle de bain dans un état lamentable. Le jeune homme s’active. Notre chambre n’est pas prête. Nous sortons pour réfléchir. Non, nous ne pouvons pas rester ici pour trois nuits. Nous alertons Airbnb, réservons une auberge de jeunesse et revenons chercher nos affaires.

Ça sent la marie-jeanne dès l’entrée. Rien d’illégal certes en Uruguay. Le cannabis a été légalisé en 2012 puis depuis juillet sa vente est autorisée en pharmacie. Mais ce n’est pas trop notre trip. On empoche nos sacs, saluons le jeune homme qui ne réagit pas, trop stone, et partons vers notre auberge de jeunesse. Le jeune homme à la réception nous présente les lieux sans s’arrêter de se marrer. Il est complètement stone.


Montevideo ne nous transcende pas. Beaucoup de commerce dans la vieille ville ont fermé et la partie moderne n’a rien de très engageant. Le vent et la pluie sont également au rendez-vous, ce qui empêche de profiter du bord de la baie et de ses plages. Heureusement comme en Argentine les musées publics sont gratuits. Nous en profitons pour découvrir celui en l’honneur de la culture gaucho. Nous en savons enfin un peu plus sur le maté, encore plus « vénéré » en Uruguay qu’en Argentine.


Une dernière journée de stop en Amérique du sud nous attend. Confiants nous nous postons au niveau de la sortie des camions du port. On nous informe que peu de camions vont vers Colonia mais plutôt vers l’est. Deux heures, ça ne mord pas. On décide de quitter la ville à pieds. Près de deux heures de marche pour trouver un endroit ou tendre le pouce. Six véhicules pour 180 km et encore le dernier pensant qu’on reprenait le ferry le soir même a fait un détour de 30 km pour nous déposer à Colonia. 10h pour rejoindre notre auberge de jeunesse ! Nous fêtons ça dignement avec un plat de spaghettis bolognaise maison, notre plat fétiche depuis plusieurs semaines.


Retour à Buenos Aires


Nous avons loué via Airbnb (nous ne sommes pas rancuniers) une chambre dans un appartement pour cinq jours. Pas de mauvaise surprise cette fois-ci. Au contraire, l’appartement tout confort bénéficie d’une terrasse aussi grande que l’appartement. Nous cohabitons surtout avec les quatre chats, les propriétaires étant souvent absents.


Buenos Aires, ville immense, a le mérite d’être très vivante. A chaque jour sa manifestation devant le palais présidentiel, la « casa rosada ». Normalement ouverte au public le week-end, elle est fermée pour raison de sécurité. Nous complétons nos connaissances sur l’histoire de l’Argentine et déambulons dans ses rues commerçantes et bohèmes. Il est tant de dire adieu à l’Argentine et à l’Amérique du sud. Nous prenons l’avion ce soir pour la Nouvelle-Zélande.